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Dans le secteur de l'industrie de la nutrition animale Optimiser les achats de matières premières

Faire le tri dans les informations constitue l'obligation n° 1 de l'acheteur de matières premières en alimentation animale. Il doit faire le grand écart entre réalité des marchés internationaux et volume physique à rentrer pour que l'usine ne s'arrête pas de tourner.

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Les 195 entreprises de la nutrition animale française qui pèsent 5,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ont produit 21,5 Mt d'aliments en 2011. Elles ont donc dû acheter peu ou prou 21,5 Mt de matières premières, dans un contexte difficile avec des céréales historiquement chères que la détente sur le marché des tourteaux n'a pas compensé.

" Par la diversité des matières premières qu'il achète, par ses techniques d'achat comme par l'optimisation des formules, le fabricant d'aliments modère l'impact des variations de coût matière sur les filières animales, tant à la hausse qu'à la baisse ", explique Coop de France Nutrition animale dans son tableau de bord " prix des aliments " mensuel. Le prix des aliments étant constitué pour l'essentiel du prix des matières premières, les opérateurs subissent l'évolution haussière et l'augmentation de la volatilité jusqu'aux excès de 2007-2008, que 2011 n'a pas reniés.

Suivre un grand nombre de données

Les "commodities" agricoles sont désormais des actifs comme les autres : elles sont de plus en plus intégrées à l'ensemble des marchés de matières premières et donc, de plus en plus vulnérables aux chocs d'où qu'ils viennent. Cette corrélation s'intensifie d'ailleurs dans les périodes de crise comme le montrait Carlos Marinez (UBS), lors des débats de Vigie Matières premières organisés par le Céréopa, le 15 novembre dernier . Il illustrait ses propos avec les courbes comparées des prix du cuivre et des graines de soja qui ont suivi la même évolution tout au long de l'année dernière avec des débouclages systémiques de position (chutes quasi parallèles en septembre/octobre par exemple). De nombreux facteurs influencent ainsi la volatilité des prix. Cela impose à chaque acteur, acheteur comme vendeur, de suivre un grand nombre de données : les fondamentaux agricoles, les éléments macroéconomiques et la parité euro/ dollar, mais aussi la psychologie de marché, le comportement des Hedge Funds, ou encore celui des agriculteurs qui font ou non de la rétention selon les informations qu'ils reçoivent de leur côté en direct par sms, les automates de trading…

Pas d'outils de prédiction miracle

Autant d'informations que l'acheteur de matières premières doit intégrer car les positions des Funds, notamment, exercent un véritable e_ et de levier sur les prix internationaux. Mais les réalités physiques restent essentielles (stocks mondiaux, échanges mondiaux…). Quel sens donner à l'analyse fondamentale s'interrogeait alors François Luguenot, responsable de l'analyse des marchés, chez InVivo . " La finance et l'émotion sont omniprésentes sur les marchés des matières premières agricoles et les politiques sont encore plus envahissants que l'an passé ", soulignait-il lors des Journées matières premières de l'Aftaa, le 30 novembre dernier. Il prévient : " Les marchés n'existent pas en soi. Seuls existent des opérateurs, c'est-à-dire des hommes et des femmes et non des machines, même si évidemment certains outils automatisés se développent. Ces opérateurs ont leur irrationalité, leurs appétits. Ce ne sont pas de froids calculateurs qui pondèrent les événements en connaissant tous les faits des marchés et en appliquant une bonne pondération. " Impossible, donc, de trouver l'outil miracle. Aucun des outils de prédiction désormais disponibles ne s'avère tout à fait juste pour prévoir l'évolution des marchés. Cependant, il est difficile de s'en passer car ils sont utilisés par les autres acteurs et motivent donc au moins partiellement leurs décisions. Cela n'empêche pas, au contraire de se fixer des règles, comme chez Axéréal (lire ci-contre).

Tirer un sentiment de marché

Pour gérer son risque de prix, l'acheteur doit avant tout analyser le marché à l'échelle mondiale, étudier l'offre et la demande, étudier l'évolution des devises et le contexte économique. De la lecture des bilans mondiaux au regard de ces différents éléments, il tire un sentiment de marché. Ce qui lui permet d'une part d'évaluer le degré de risque, d'autre part de déterminer le prix d'achat et le calendrier des livraisons pour pérenniser son outil de travail. De là en découle sa stratégie d'achats comme le résume Cyril Parienti (Finance Agri).

Yanne Boloh

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